lundi 19 octobre 2015

BowJack Horseman



           Lors de mes pérégrinations sur YouTube, j’ai fini par tomber sur une publicité pour une série me paraissant particulièrement… perchée dirais-je. Cette série créée par Netflix, porte le magnifique nom de BowJack Horseman et est entièrement animée. 


Dubitative, je lançai alors la série sur la susdite plateforme. Et là, débute un générique que je qualifierais d’envoûtant, constitué d’une musique entêtante qui nous fait très bien comprendre la position du personnage principal par rapport aux autres : à l’écart, dépressif, regrettant son glorieux passé.



La série s’ouvre ensuite sur la maison de BowJack dans laquelle squatte un humain doublé par Aaron Paul. Le premier épisode nous permet de découvrir le personnage, ancienne star d’une sitcom, asocial et ne parvenant pas à avancer dans la vie. La première saison se concentre essentiellement sur l’écriture d’une autobiographie pour laquelle il fera appelle à un nègre*.


Au fil des épisodes, très courts (incitant très fortement au binge watching) nous allons donc le voir évoluer, tenter de progresser mais pas seulement. Bien que notre cheval soit le personnage principal, certains épisodes se concentrent sur d’autres personnages tels que son agent, Princess Caroline, l’acteur d’une sitcom très proche de la sienne; Mr. Peanutbutter. 


Bien que le dessin soit relativement simple, il est efficace, et des clins d’œil à d’autres séries/films parsèment les épisodes, que ce soit au travers d’affiches ou d’événements… 
Cela rend le visionnage d’autant plus agréable que ceux-ci restent assez discrets et n’influent pas sur la compréhension de l’action. 

J’ai regardé l’intégrale de la série en très peu de temps et attends la saison 3 avec impatience.
Si vous avez 20 minutes pour découvrir quelque chose de surprenant, dénonçant certains travers de la société, n'hésitez surtout pas !

*il s’agit d’une personne chargée d’écrire un livre mais dont le nom ne figurera pas en tant qu’auteur



La licorne 

samedi 3 octobre 2015

Le Monde de Charlie




Parmi les films que je lance sans conviction, il y a ceux qui me surprennent agréablement. Et il y a ceux qui me font me demander : qu'est-ce qui m'a pris autant de temps pour le regarder?
The Perks of being a Wallflower, maladroitement traduit par Le Monde de Charlie est de ces derniers.
 
C'est l'histoire de Charlie (Logan Lerman), ce garçon trop discret et bon en classe qui entre en première année de lycée. Charlie, c'est le genre à se faire prêter des livres par son professeur de littérature, Charlie est bizarre, Charlie est un loser, il ne rentre pas dans le moule. Bref, il est invisible. C'est alors qu'il fait la rencontre de Patrick (Ezra Miller) et Sam (Emma Watson) qui l'initient à leur conception de la vraie vie. 

J'écris cet article juste après avoir regardé à nouveau le film, afin de bien m'en imprégner. Et une fois de plus, je n'en sors pas indemne. Si de premier abord, on peut penser que ce film est un énième film pour ado dénué de tout intérêt, on se prend une énorme claque lorsque le générique de fin commence. Le Monde de Charlie passe en réalité un message bien plus fort (je dis un mais en fait c'est plusieurs). 


Le choix de la narration à la première personne est souvent le choix le plus facile lorsqu'il s'agit d'adapter un roman à l'écran, mais ici, c'est un vrai régal. Les pensées de Charlie sont pleines de sens et de vérité, si bien que j'aurais envie de citer la moitié du film tellement tout ce qui est dit est vrai et mémorable. Dès le départ, le film s'ouvre sur Charlie. La façon légère dont il raconte des problèmes sérieux amène un contraste particulièrement marquant. Et c'est d'ailleurs l'un des points forts du film, être constamment dans la tête de Charlie. 

Le film s'intéresse à énormément d'aspects, des plus simples aux plus dérangeants, en prenant pour fil conducteur le passage à l'âge adulte. Si Charlie vient de débuter le lycée, ses amis le terminent et s'apprêtent à vivre une nouvelle vie. Mais le plus important voyage dont parle le film est celui vers l'acceptation de soi-même et les difficultés à traverser pour y parvenir. J'ai aimé qu'à travers Charlie on suive différents parcours, différentes angoisses et les moyens employés par chacun des protagonistes afin de les surmonter : entre insouciance et mutisme. 


C'est très dur en réalité, de parler de ce film. Car plus qu'un film, c'est une atmosphère. C'est une unité que je ne parviens pas à définir. Le choix plus que judicieux de la musique y est pour beaucoup. L'entrée en matière sur Could it be another change de The Samples est plutôt représentative de mes propos. Et la playlist que déroule Le Monde de Charlie durant le visionnage est tout aussi délicieuse (notamment la mémorable chanson du tunnel mais il faut découvrir ou re-découvrir la scène par soi-même). Certaines scènes sont silencieuses ou dotées d'un léger bruit de fond. On veut nous faire percevoir les choses à la manière dont Charlie les perçoit, et la plupart du temps on finit par ressentir ce qu'il ressent, à voir le monde à sa manière. Toute la qualité esthétique de ce film tient en un mot ; l'atmosphère.


La force du Monde de Charlie réside aussi dans l'écriture de ses personnages (merci le roman, je l'admets). Ils sont tous tellement riches et tellement complets que je me demande comment on pourrait se passer ne serait-ce que l'un d'entre eux (entre la gothique fan de jeans ou la bouddhiste punk) mais je ne développerai que les trois personnages principaux parce que je pense que c'est seulement en lisant le livre qu'on en apprend davantage encore sur tous les autres.

 

Tout d'abord, il y a Charlie. Logan Lerman livre une très bonne prestation et contre toute attente, il s'imprègne très bien du personnage de Charlie. Et justement, parlons-en de ce merveilleux personnage. Charlie fait partie de ces gens peu bavards mais très observateurs. Il pense plus qu'il ne parle, il se met au second plan mais finalement c'est celui qui comprend le mieux son entourage. Et ce que j'aime le plus chez lui, c'est qu'il fait presque toujours la bonne chose, au bon moment. Charlie voit les choses et les comprends. Il est doté d'une grande sensibilité ; il absorbe la souffrance des gens, la vit avec eux. Charlie est humble finalement, et il m'a conquise.
"This one moment when you know you're not a sad story [...] And in that moment, I swear, we are infinite"


Ensuite vient Sam, interprétée par la merveilleuse Emma Watson. Sam possède une aura incroyable, c'est peut-être parce qu'on la découvre à travers Charlie qu'on sent également toute la présence qu'elle dégage. Mais au-delà de ce qu'elle veut bien montrer, Sam est beaucoup plus fragile et peu sûre d'elle qu'il n'y paraît et son insouciance n'est qu'une façade.  Je pense que beaucoup de personnes peuvent s'identifier à elle parce qu'elle incarne de nombreuses facettes à la fois.
"Write about us"


Il en va de même pour Patrick, joué par Ezra Miller. Son insouciance excessive apparaît très rapidement comme un prétexte derrière laquelle se cache un problème plus profond. Comme ce que la plupart des gens font finalement. Certes, ça ne résout pas le problème mais je trouve que ça a quelque chose d'admirable. Patrick est finalement, je pense, le plus fort psychologiquement parce qu'il a une manière de surmonter les choses tout à fait grandiose.


En ce sens, l'amitié qui relie Charlie à Sam et Patrick, dans toute son absurdité, est en fait plutôt logique. Malgré les différences apparentes, ils sont extrêmement semblables et leur amitié m'a touchée.

Le film en lui-même est touchant. Je ne verse pas de larmes à la fin de celui-ci malgré mon émotivité assez impressionnante mais pas loin en tout cas. Si je reste en suspends quelques minutes pendant le générique de fin, c'est toujours très bon signe.
C'est d'ailleurs pour ça que dès que j'en ai la possibilité (et que j'ai fini les Jane Austen et Agatha Christie que j'ai en retard), j'achète ce livre pour le lire. Et si vous n'avez pas encore vu ce film, je vous conseille de vous plonger dedans sans plus attendre.

"We can't choose where we come from but we can choose where we go from there"


                                                                           Le loup